jeudi 12 janvier 2023

Souillure silencieuse

Souillure silencieuse

Chlordécone, poison insidieux,
Infiltre nos terres, nos eaux, nos vies,
Et laisse derrière elle un sillage de mort,
Un avenir incertain, rempli de cris.
Rage et colère, face à l'injustice,
Passé qui hante, nous prêchons sans défense,
Les cris de douleur, échos de la mort,
Souffrance immense, destin tragique. Enfer sur terre, bruit de l'agonie,
Nature meurtrie, mal répété,
Chlordécone, empoisonneur masqué,
Nous plongeons dans le chaos, nous laissons sans voix. La responsabilité, qui est-elle attribuée ?
Un non-lieu, une injustice qui perdure,
La colère gronde, face à l'indifférence,
De ceux qui ont ajouté cette souffrance immense. L'avenir s'assombrit, devant cette tragédie,
Mais la lutte persiste, pour que justice soit rendue,
Les voix se lèvent, pour réclamer leur droit,
À un avenir meilleur, loin de cette nuit noire. Il est temps de prendre notre destin en main,
De construire un futur, sans Chlordécone, sans mal,
Car seul l'avenir peut effacer les erreurs,
Et donner à nos enfants, un monde pur et vrai.

@Kounta 12/01/23

vendredi 21 octobre 2022

Graphie GEREC 1

 Graphie GEREC (ou phonético-phonologique)

Depuis les années 1970, le créole martiniquais fait l'objet d'une standardisation par un organisme nommé groupe d'études et de recherches en espace créolophone (GEREC). Les graphies étymologiques sont abandonnées au profit d'une graphie standardisée phonético-phonologique].

Cette graphie, qui est aujourd'hui la plus employée, est cependant largement critiquée par de nombreux segments de la population martiniquaise. La graphie phonétique rend en effet souvent le texte difficilement compréhensible par les locuteurs du créole, qui, étant tous alphabétisés en français, doivent faire un pénible effort de déchiffrement pour retrouver le sens des mots, comme le ferait un locuteur du français si ce dernier était écrit de manière purement phonétique. Par ailleurs, cette graphie est également critiquée sur un plan plus politique, ses détracteurs considérant qu'elle est motivée par des relents nationalistes et relève d'une volonté de faire passer le créole pour une lanque plus éloignée du français qu'elle ne l'est réellement

Graphie étymologiqueGraphie standard GERECFrançais
Monte ou assous couche ou bouc ou touMont-ou asou kouch-ou bouk-ou touVotre montre est sur votre couche, votre boucle aussi
Ça ou pa save grand passé'wSa ou pa sav gran pasé'wCe que tu ignores te surpasse (proverbe)
Ravèt pa janmin ni raison douvant pouleRavèt pa janmen ni rézon douvan poulLes cafards n'ont jamais raison face aux poules (proverbe)

Le standard GEREC pour le créole martiniquais contient 24 lettres : a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, r, s, t, u, v, w, y, z. Il comprend également les signes diacritiques que sont les accents aigus et graves sur les lettres e et o pour noter les phonèmes /e/ (é), /ɛ/ (è) et /ɔ/ (ó). Contrairement à la graphie choisie pour le créole haïtien, le créole martiniquais supporte les accents é, et è.

L'orthographe selon le standard GEREC est phonétique. À chaque son correspond une unique lettre ou combinaisons de voyelles.

Le digramme ch est considéré comme une seule même lettre, notant le phonème /ʃ/.

De même, u et x sont peu fréquents en créole et sont souvent substituées respectivement par ou et par kskz ou z. Ex. « Par exemple : Xavier, est-ce que tu es là ? » devient « Pa èkzanp: Zavyé, ès ou la? ».

Une certaine confusion règne entre l'utilisation du r et du w, mais ces deux lettres sont bien distinctes.

Dans une syllabe où se trouve une voyelle arrondie (o, ou, on), on utilise w. Ainsi on a wou (roue). Dans une syllabe comportant une voyelle non arrondie (a, e, è, i, an), on ne se réfère qu'à la prononciation de la syllabe pour savoir s'il faut écrire r ou w. Ainsi, rat devient rat /rat/ et non « wat ». Gras devient gra et non « gwa » qui correspond plus à la suite /gw/ de Guadeloupe qui devient Gwadloup.

Dans le tableau ci-dessous ne sont recensées que les lettres qui diffèrent de leur emploi français standard :

CréoleTranscription

API

Français standard
g/g//g/ ou /ʒ/
h/h/Muet, le «h» n'influence que l'élision en français standard
w/w//w/ ou /v/
r/w//ʁ/
s/s//s/ ou /z/
y/y//i/ ou /j/
an/ɑ̃//ɑ̃/ ou /an/
an'/ɑn/Rare comme dans «âne» → /ɑn/
ann/ɑ̃n/Très rare, surtout en contexte de liaison.

J'en ai reçu → /ʒɑ̃nɛʁsy/

Comparativement à

J'en suis sorti → /ʒɑ̃sɥisɔʁti/

anm/ɑ̃m/Aucune équivalence en français standard
ay/aj/Généralement orthographié «ai»

Travail → /tʁavaj/

Bail → /baj/

Ail → /aj/

in/in/Comme dans « Chine » /ʃin/
en/ɛ̃/Généralement écrit « in » (d'autres formes existent)
enn/ɛ̃n/Aucune équivalence en français standard
on/ɔ̃/
onm/ɔ̃m/Aucune équivalence en français standard
onn/ɔ̃n/Très rare, surtout en contexte de liaison

On a acheté → /ɔ̃nɑaʃte/

Le bon ami → /ləbɔ̃nami/

ch/ʃ/
tj/tʃ/Généralement orthographié « tch » comme dans

République tchèque


Annou mawon!



 

jeudi 20 octobre 2022

Alfabé kréyòl


 

mercredi 22 janvier 2020

Manman Doudou

lundi 23 février 2009

Chronique d'une vengeance anticipée

Pli ta pli tris

Nous avons mené une grève depuis le 05 février à la Martinique, en collaboration avec la Guadeloupe, en adhérant positivement à toutes les revendications du « Collectif du 05 février » et « LKP ». Cette grève est assurément légitime et nécessaire. Un évènement incontournable et historique.

Le profit des grands patrons depuis des années, en dépit de la misère et de la souffrance de la population issue, le plus souvent, du milieu ouvrier ou agricole devenait intolérable et indécent.

Malgré les privations et le changement d’habitude impulsée par la dureté de la grève, la majorité des gens acceptaient volontairement les conditions de crise : rareté du carburant, manque de liquidité du à la fermeture des banques et des organismes sociaux, diminution des produits de première nécessité due à la fermeture des centres commerciaux, des épiceries. La vie tournait au ralenti et l’esprit de débrouillardise, de survie primait, provoquant néanmoins chez certains la violence, l’égocentrisme et l’égoïsme. Il fallait apprendre à vivre autrement, à se passer du superflu, à se contenter de peu et se retourner vers la production locale et agricole, vivrière du pays. Accepter son mal en patience, car le jeu en valait la chandelle. Une grève si longue et un peuple entier (sauf les békés et grands patronats) uni derrière un Collectif chargé de présenter les revendications et négocier auprès des représentants de l’État, du patronat et diverses associations, jamais dans ce pays nous n’avions vu cela, jamais.

Le Collectif en Martinique et le LKP en Guadeloupe n’ont jamais concédé un iota au patronat. Mandaté par le peuple, ils devaient rendre compte au peuple. Ils ne devaient pas baisser la garde, car cette grève était unique et historique. En effet, dans l’histoire du peuple prolétaire, les grandes grèves finissaient par les tueries d’ouvriers, de même, jamais toutes les classes sociales ne se sont alliées pour une même cause. La caste békés et le grand patronat étaient en marge de ce mouvement, car ces derniers étaient responsables de cette situation de misère et de crise.

Par souci du profit, les prix des salaires misérables n’augmentaient pas à la vitesse des prix des marchandises. Le déséquilibre était flagrant et injurieux pour les « prolos ».

Force est de constater que plus on descend sur l’échelle de la classe sociale, plus on est noir et plus on monte, plus on est blanc. Ce n’est pas faire du racisme que d’écrire cela, mais la réalité est bien là. Cette réalité est historique, car les riches blancs créoles d’aujourd'hui ont bénéficié du foncier acquis malhonnêtement sur la sueur et le sang des esclaves et de l’industrie coloniale et esclavagiste. Les nègres étaient sans sou ni maille.

Le nègre s’est formé, s’est formaté. Il s’est adapté. Depuis 1848, année officielle de la manumission, il a réussi à s’élever, à s’instruire, à être égal à ses anciens maîtres. Le nègre antillais est exceptionnel, car il a construit son histoire rapidement alors que d’autres ont mis des siècles pour réaliser la leur. Combien d’ouvriers agricoles sont tombés sous les balles des gendarmes à cheval, qui tiraient à balles réelles ? Ces martyrs sont dans l’oubli. Jadis, la force oppressive et répressive était de mise dans ce pays.

Malheureusement, il y a les nostalgiques du passé colonial qui parlent de la positivité de l’esclavage, qui caricaturent le nègre comme un gros fainéant, paresseux, indocile, indiscipliné, insubordonné, rebelle, querelleur, inintelligent, sale, pauvre.

Un comble ! Un esclavage positive pour un esclave négatif.

J’en ris et j’en pleure, car malgré tous ces intellectuels poussant le cri de la négritude, nous n’avons pas avancé d’un pas. Une partie de la Martinique de 2009 est encore réactionnaire, rétrograde.

En vérité, nous voulons effacer et faire disparaître à jamais

ces idéologies passéistes,

ce colonialisme larvé, sournois et feutré qui existe toujours,

ce cloisonnement socio-racial qui empoisonne notre pays,

cet apartheid dissimulé est bien réel,

ce pays de faux-semblant, d’hypocrisie avec des rapports interculturels où chacun reste dans son monde ghettoïsé socio-racial,

ces injustices sociales.

Cette grève permettait de changer la donne en permettant aux plus démunis de parvenir à un confort vital. Bien entendu, si les revendications du Collectif étaient acceptées par les autres parties et signées.

Les différents points de réclamations du Collectif, après négociations débouchent sur un accord et signature.

Il faut souffrir pour obtenir gain de cause. La lutte est âpre devant les grands patrons qui ne concèdent pas facilement des points au Collectif. Les avancées avec l’aide de l’État des deux conseils ont été significatives. On est arrivé petit à petit à des accords et des compromis afin de sortir du confit. Il est à noter que le Collectif est demeuré ferme et vigilant lors de la crise. Cependant du côté du patronat, tout a été mis en oeuvre pour désavouer ce mouvement prétextant qu’il y aura dix mille chômeurs de plus après la grève. D’après eux, le Collectif a plongé le pays dans la ruine, la banqueroute, chute, crise, culbute, débâcle, déconfiture, dépôt de bilan, dépression, effondrement, faillite, fiasco, insolvabilité, krach, liquidation, marasme, mévente, naufrage, récession, stagflation et dans une plus grande misère forçant certaines entreprises à licencier. Comme les békés détiennent quatre-vingt-dix pour cent de l’économie martiniquaise, rien de plus facile que de punir comme sur l’habitation naguère. On affame la population pour que demain tous les torts et les reproches aillent vers le Collectif. Les gros planteurs utilisent la provocation en envoyant les petits planteurs à Fort-de-France en face des partisans du Collectif. Les gardes mobiles sont obligés d’utiliser les gaz lacrymogènes pour disperser les grévistes mécontents et la population en colère. D’où le climat insurrectionnel et répressif.

Un proverbe connu dit « Bétyé pété sé nèg yo akizé », ce qui signifie que « le béké pète et c’est le nègre qui est coupable », d’où la raison du plus fort est toujours la meilleur...

Méditons sur une fable de La fontaine

Le Pot de terre et le Pot de fer

Livre V - Fable 2

Le pot de fer proposa

Au pot de terre un voyage.

Celui-ci s'en excusa,

Disant qu'il ferait que sage

De garder le coin du feu,

Car il lui fallait si peu,

Si peu, que la moindre chose

De son débris serait cause :

Il n'en reviendrait morceau.

"Pour vous, dit-il, dont la peau

Est plus dure que la mienne,

Je ne vois rien qui vous tienne.

-Nous vous mettrons à couvert,

Repartit le pot de fer :

Si quelque matière dure

Vous menace d'aventure,

Entre deux je passerai,

Et du coup vous sauverai."

Cette offre le persuade.

Pot de fer son camarade

Se met droit à ses côtés.

Mes gens s'en vont à trois pieds,

Clopin-clopant comme ils peuvent,

L'un contre l'autre jetés

Au moindre hoquet qu'ils treuvent.

Le pot de terre en souffre; il n'eut pas fait cent pas

Que par son compagnon il fut mis en éclats,

Sans qu'il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu'avec que nos égaux ;

Ou bien il nous faudra craindre

Le destin d'un de ces Pots.

Le licenciement, mis en chômage technique sera pratiqué avec sang-froid et rigueur par les gros patrons après la grève, simplement pour démontrer que la grève a ruiné le pays et pour que le Collectif en porte l’entière responsabilité. Ainsi, certains déçus, licenciés diront que le Collectif a mené le pays dans un désastre économique qui pousse les entreprises à mettre clé sous table. Ceux qui perdront leur emploi seront plus tentés de culpabiliser le Collectif, ce qui aura pour conséquence de plébisciter les grands patrons. En outre, il est tellement facile de mettre une entreprise en faillite et d’en recréer une autre sous un autre nom et gérant quand on a l’économie du pays entre les mains. Par fierté, orgueil, par sentiment de supériorité ancestral, les blancs colons ne supportent pas de voir que ceux à qui ils donnent à manger peuvent oser faire une telle grève, soutenir le Collectif et ainsi montrer aux yeux du monde leur « profitation » (mot créole : abus, injustice, arbitraire, déloyauté, déni de justice, empiétement, erreur (judiciaire), exploitation, favoritisme, illégalité, illégitimité, inconstitutionnalité, inégalité, iniquité, injustice, irrégularité, mal-jugé, malveillance, noirceur, partialité, passe-droit, privilège, scélératesse, tort, usurpation).

Un comble ! Les blancs créoles pratiquant la noirceur (méchanceté).

Souvent devant les péripéties de la vie, les petites gens résistent aux malheurs avec flegme et les puissants sont terrassés par une ruine soudaine. L’orgueil des grands comparé à l’humilité des petits me fait songer à la fable de La Fontaine :

LE CHÊNE ET LE ROSEAU

Livre I, Livre I, 22 22

Le Chêne un jour dit au roseau :

Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du soleil,

Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.

Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l'orage ;

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent.

La Nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l'Arbuste ,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,

Du bout de l'horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

En guise de conclusion, je dirais que tout petit que nous sommes (le moucheron) devant le puissant (le lion), nous pouvons être vainqueurs, mais soyons vigilants et mobilisés, car demain un ennemi (l’araignée) pourra nous prendre dans ses mailles à l’improviste. Savourons la fable de La fontaine :

LE LION ET LE MOUCHERON

Livre II, fable 9

Va-t-en, chétif Insecte, excrément de la terre.

C'est en ces mots que le Lion

Parlait un jour au Moucheron.

L'autre lui déclara la guerre.

Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi

Me fasse peur ni me soucie ?

Un Bœuf est plus puissant que toi,

Je le mène à ma fantaisie.

À peine il achevait ces mots

Que lui-même il sonna la charge,

Fut le Trompette et le Héros.

Dans l'abord il se met au large,

Puis prend son temps, fond sur le cou

Du Lion, qu'il rend presque fou.

Le Quadrupède écume, et son œil étincelle ;

Il rugit, on se cache, on tremble à l'environ ;

Et cette alarme universelle

Est l'ouvrage d'un Moucheron.

Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle,

Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau,

Tantôt entre au fond du naseau.

La rage alors se trouve à son faîte montée.

L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir

Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée

Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.

Le malheureux Lion se déchire lui-même,

Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,

Bat l'air qui n'en peut mais, et sa fureur extrême

Le fatigue, l'abat ; le voilà sur les dents.

L'Insecte du combat se retire avec gloire :

Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,

Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin

L'embuscade d'une Araignée :

Il y rencontre aussi sa fin.

Quelle chose par là nous peut être enseignée ?

J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis

Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;

L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire,

Qui périt pour la moindre affaire.

Au lendemain de cette grève, les pauvres nègres déchanteront certainement par rapport aux licenciements annoncés par le patronat. Dix milles selon les pronostics de ces patrons rancuniers, arrogants et orgueilleux.

Préparons-nous pour la « Chronique d’une vengeance anticipée ».

Plus tard, Plus triste...

Reflexion sur la crise antillaise. De Domota à Jacques 5:1-8

Paul, l'apôtre a dit « Examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ». Nous devons avoir un esprit critique et faire la part des choses, car la vérité même apparente doit souvent être cherchée.
À écouter les parties opposées, nous pouvons approuver leurs argumentations, car ils nous distillent une partie de vérité.
Certains parlent de la ruine économique de la grève, certains de la violence entraînée par les jeunes, certains de la responsabilité dela France dans la poussée de violence urbaine, certains parlent de l'indiscipline des autochtones, de leur égoïsme voire leur bestialité dans la crise. Certains, par contre, voient dans la grève une occasion de rallier toutes les couches de la société dans un même combat, de retrouver les élans de solidarité et de retourner à une vie réelle sans fioriture et superflue.
Notre crise est sociétale et pousse chacun de nous à se remettre en question.
La grève pour la cherté de la vie a amené d'autres revendications de toutes les couches sociales. Chacun a des choses à dire et des doléances à signifier au gouvernement.
Il semblerait que la société martiniquaise et guadeloupéenne voudrait réinitialiser la vie et redémarrer d'un pied neuf pour que tous aient la même chance :Égalité, Liberté, Fraternité.
Une petite révolution antillaise en quelque sorte !
Nous en avons marre et nous voulons nous faire entendre. Non aux inégalités et aux injustices. Nous avons tous droit au bonheur. De par notre histoire, nous avons été en second plan, subissant les frustrations et les privations.
Il suffit ! Pourquoi toujours les mêmes qui jouissent de privilèges, pourquoi toujours les mêmes familles colons qui détiennent tous les biens patrimoniaux et les industries du pays ?
En février 2009, un vent de liberté d'expression, de communication,de remise en question, de partage, de révolte s'est levé en pays Guadeloupe et Martinique.
Ce mouvement dynamique a été amorcé par la mort du chantre de la négritude Aimé Césaire et de la présidence du métis Barack Obama à la tête des USA.
Tout est possile, Yes we can!
Les choses semblent bouger dans ce monde où on jugera un homme pour sa valeur et non pour sa couleur de peau.



D'autre part, spirituellement, je ne peux m'empêcher de rappeler l'épître de Jacques 5 versets 1 à 8:«
1 Et maintenant écoutez-moi, vous les riches ! Pleurez et gémissez à cause des malheurs qui vont s'abattre sur vous !
2 Vos richesses sont pourries et vos vêtements sont rongés par les vers.
3 Votre or et votre argent sont couverts de rouille, une rouille qui servira de témoignage contre vous ; elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des trésors à la fin des temps. 4 Vous avez refusé de payer le salaire des ouvriers qui travaillent dans vos champs. C'est une injustice criante ! Les plaintes de ceux qui rentrent vos récoltes sont parvenues jusqu'aux oreilles de Dieu, le Seigneur de l'univers.
5 Vous avez vécu sur la terre dans le luxe et les plaisirs. Vous vous êtes engraissés comme des bêtes pour le jour de la boucherie.
6 Vous avez condamné et mis à mort des innocents ; ils ne vous résistent pas.
7 Prenez donc patience, frères, jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Voyez comment le cultivateur prend patience en attendant que la terre produise de précieuses récoltes : il sait que les pluies d'automne et de printemps doivent d'abord tomber.
8 Prenez patience, vous aussi ; soyez pleins de courage, car la venue du Seigneur est proche.»

Jean-Pierre LAUHON/ Kounta
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Kréyòl Ayiti

1 Koulye a, nou menm moun rich yo, se pou nou m'ap pale: Nou mèt konmanse kriye, konmanse pouse rèl pou malè ki pral tonbe sou nou yo.
2 Richès nou yo fin pouri. Vèmin fin manje rad nou yo.
3 Lò nou ak lajan nou yo fin wouye. Lawouj la pral kanpe poukondannen nou, li va devore vyann nou tankou dife. Nou te ranmase kont lajan nou nan dènye tan sa a.
4 Gade! Nou pa t' peye lajan nou te dwe peye travayè yo ki t'aptravay pou nou nan jaden. Tande jan y'ap rele! Travayè ki te ranmase rekòt pou nou yo ap plede rele! Rèl yo rive jouk nan zòrèy Bondye, Mèt ki gen tout pouvwa a.
5 Nou viv sou latè nan plezi ak nan jwisans. Nou manje jouk nou gratankou bèt ki pare pou labatwa.
6 Nou kondannen moun ki inonsan, nou fè touye yo. Yo menm, yo pa fè fòs ak nou.
7 Se poutèt sa, frè m' yo, annou pran pasyans jouk jou Seyè a vavini. Gade jan kiltivatè a gen pasyans. Li gen pou l' rete tann anvanpou tè a ba li yon bèl rekòt. Li pran pasyans, li rete tann lapli premye sezon an jouk lapli dènye sezon an.
8 Nou menm tou, pran pasyans. Bay kè nou kouraj, paske Mèt la pa lontan vini.